Focus sur le jeu symbolique et l’imaginaire
Le jeu symbolique, ou encore le « faire-semblant », apparaît progressivement et joue un rôle important dans le développement de l’enfant. Il se développe en parallèle de l’imaginaire. Le « faire-semblant »,le « jeu symbolique », le « jeu de rôle », le « jeu de fantaisie » sont des termes u lisés pour faire référence à la même chose. Dans ce dossier, les termes « faire-semblant » et « jeu symbolique » seront tous deux u lisés de manière interchangeable.
Définition du faire-semblant
Dans le jeu symbolique, on fait souvent référence à différents aspects : « l’agent », « l’instrument » et « le schéma ».3
L’agent
le sujet (animé ou inanimé) qui produit l’ac on
L’instrument
le/les objets u lisés pour faire l’ac on
Le schéma
le résultat/ l’ac on/ le jeu observable que l’enfant produit
Le Jeu d’exploration
Il y a diverses types et formes de jeu. Le jeu chez l’enfant débute vers 3 mois et commence par un jeu d’explora on sous toutes ses formes. En premier lieu, l’enfant est dans la découverte de son environnement, sur tous les plans1 : visuel, audi f et tac le. Il y a plusieurs types d’explora on chez le bébé : on parle d’explora on corporelle, d’explora on des objets et d’explora on vocale.
Les limites de mouvements possibles chez le jeune enfant et le manque de coordina on font qu’il est avant tout dans une découverte de ses sens. En effet, un bébé de 2-3 mois est dans une recherche d’apport sensoriel, il s mule son système percep f en générant des bruits ou des sensa ons. Par exemple, un bébé allongé sur le ventre qui gratte une surface en alternant ouverture et fermeture des mains génère, par ses mouvements moteurs, un apport sensoriel (du bruit et un retour tac le), que son cerveau va traiter, c’est-à-dire analyser et interpréter. Avec plusieurs répé ons sur plusieurs surfaces, le bébé explore son environnement et génère un catalogue de stimuli se rapportant à son environnement et avec l’objet.
L’explora on des objets fait son appari on avec l’arrivée de la coordina on main-œil ; vers 3-4 mois, le bébé commence à a raper des objets légers (tel qu’un hochet), et il essaie de les manipuler. Au début, les mouvements de l’enfant manquent de stabilité et donc le bébé peut accidentellement se donner un coup de hochet. Au fur et à mesure que sa coordina on s’améliore, il arrive à saisir un objet dans une main, le secouer, l’amener à sa bouche (environ 5/6 mois), le taper, le transposer d’une main à l’autre (autour de 7 mois). Ce e découverte de son environnement se produit par la répé on. Les bébés adorent faire une ac on et la répéter plusieurs fois avec le même objet ou avec d’autres objets2. Ceci permet à l’enfant : D’apprendre le cause-à-effet, c’est-à-dire qu’une ac on spécifique va engendrer un résultat spécifique, par exemple : « j’agite mon bras, le hochet bouge et fait du bruit » ou bien « j’appuie sur un bouton et il y a un bruit ».
D’acquérir une connaissance se rapportant à l’objet :
les bébés adorent me re les objets à la bouche ; il faut savoir que la bouche est une zone chez l’enfant remplie de récepteurs sensoriels très développés. Les enfants u lisent cet influx sensoriel pour découvrir les propriétés de l’objet en ques on : sa texture, sa forme, sa dureté, sa malléabilité, son goût ainsi que son poids.
L’explora on corporelle, c’est-à-dire la découverte de son propre corps, débute également vers 2-3 mois3. Au début, l’enfant découvre ses mains en bougeant ses doigts devant lui (3 mois), puis son visage (4 mois) en portant ses mains au visage, puis ses pieds et ses genoux (5-6 mois), en essayant de les a raper ; puis vient la découverte des cheveux et des cuisses en les a rapant (9 mois) ; entre 10-12 mois l’enfant a une meilleure motricité et découvre tout son corps ainsi que ses par es génitales.
L’explora on vocale, c’est l’acte de jouer avec sa voix ; c’est un prérequis pour l’acquisi on du langage. Le nouveau-né ne vocalise que par des sons végéta fs (pleurs, cris, gargouillis). Ces sons traduisent des besoins physiologiques du nourrisson par des changements de pressions dans la sphère buccale et pharyngée. Entre 2 et 6 mois, l’enfant commence à s’engager dans des jeux vocaux, où il explore et découvre sa voix. L’enfant va jouer avec sa voix, en changeant l’intensité (volume), en augmentant la durée, et en changeant la hauteur sonore (plus ou moins aiguë). Au début, ce sont des « arrheu » et des « agueu » qui vont progressivement se diversifier avec l’arrivée de consonnes. A ce moment-là, on ne parle plus de jeu, mais de langage et de communica on.
Définition
- Jeu d’exploration
- L’enfant explore son environnement en manipulant des objets et ceci donne à l’enfant des informa ons sur des objets ou sur des concepts (ex : taille, ma ère, goût, dureté, etc.).
- Jeu d'imitation
- L’enfant est dans limitation de l’adulte ou bien d’un autre enfant. C’est l’imitation d’une ac on et la répétition de cette action.
- Jeu fonctionnel
- L’enfant copie et u lise un objet en accord avec ses caractéris ques et son u lisa on (ex : me re un chapeau).
Le Jeu d’imitation
L’imagination et le faire-semblant sont porteurs de beaucoup d’éléments émotionnels. En effet, l’enfant, en faisant semblant, reproduit des événements de son quotidien qui sont chargés d’affect, qu’il soit positif ou négatif. Le fait de reprendre ses événements dans son jeu permet à l’enfant d’apprendre à gérer ses émotions. De « revivre » ses émotions quand il le souhaite, en « jouant » une scène de sa vie, donne la possibilité à l’enfant de comprendre les sentiments qu’il a eu, de verbaliser ses émotions et d’évacuer sa charge émotionnelle latente. Plus l’enfant va avoir la capacité d’introduire les émotions et le ressenti dans son jeu symbolique, plus il va pouvoir les apprivoiser, les reconnaître, les comprendre et progressivement chercher à les maîtriser. En passant par le jeu, l’enfant explore les différents sentiments en rapport avec une situation, et il n’est pas dans le jugement de l’adulte.
Les enfants très sensibles ont souvent une très grande imagination, car l’émotivité cultive cette imagination et permet à l’enfant, en association avec le langage, d’avoir une pensée imaginaire plus poussée.
Un exemple
Un enfant qui fait semblant qu’un livre en ssu est le doudou de son bébé est le « simulateur » (A).
La réalité sous-jacente est qu’un bébé a un doudou (B).
La représenta on mentale est que le livre en ssu
« devient » un doudou pour le « bébé » du simulateur (C).
L’enfant (le simulateur) proje e la représenta on du doudou sur le livre en ssu en le donnant au « bébé » (D).
L’enfant engagé dans le faire-semblant est conscient que le « doudou » est en réalité un livre en ssu et connait la différence entre un livre et un doudou, mais il u lise la similitude, l’aspect du ssu, pour a ribuer une symbolique de « doudou » (E).
L’enfant (le « simulateur ») est ac f, et s’il bouge, il le fait en accord avec le scénario évoqué (F). Le faire-semblant est une ac vité consciente et produite avec inten onnalité. L’enfant est conscient de la réalité et du faire-semblant dans lequel il s’engage.
Conclusion
En somme, jouer permet à l’enfant de découvrir le monde, expérimenter de nouvelles choses, d’apprendre, de concré ser ses connaissances, d’élaborer son iden té, de se sociabiliser, et apporte beaucoup de plaisir. Jouer favorise le développement cérébral car en jouant plus de connexions neuronales se créent. Il est donc important de privilégier le jeu avec ses enfants et de diversifier les types de jeu (jeu ac f, jeu imaginaire, jeu d’explora on, jeu de rôles, jeu de chahut). De ce fait, il est fortement encouragé de prendre toutes les opportunités possibles pour entrer dans un jeu libre avec l’enfant quel que soit son âge en s’adaptant à ses besoins et ses capacités. D’ailleurs, même les adultes aiment jouer !